Asya : témoignage d’une femme kurde et transgenre

En France, si des lois donnent quelques droits aux personnes trans, la réalité sociale est que les citoyen·ne·s transgenres de pays impérialistes souffrent d’une marginalisation constante de la part des institutions d’État. Quelques soit la région du monde, les personnes transgenres subissent des violences :​ discriminations, brutalisation, intimidations, meurtres, etc. Et tout cela sans compter que les assassinats LGBTIphobes sont souvent couvert par l’appellation de « crime d’honneur », concept abject consistant à justifier le meurtre de membres de la famille au nom de la  « réputation familiale ». Ce terme est uniquement utilisé par les médias bourgeois à propos de familles d’origines étrangères, alors que pourtant ce phénomène touche toutes les familles. Au mieux, ces familles réactionnaires expulsent leurs enfants LBGTI, les condamnant indirectement à la mort pour ceux qui se retrouveront à la rue sans aides, ou au mieux à une vie laborieuse marquée par divers traumatismes physiques et psychologiques.

Dans cet interview, Asya témoigne d’un schéma de répression contre les personnes trans qui est systématisé au Kurdistan irakien comme dans la majorité des pays actuellement. Forcée de fuir les menaces de mort de sa propre famille, Asya nous rappelle que pour les personnes LGBTI, la discrimination se poursuit tout au long de leur vie sous des formes souvent extrêmement violentes allant jusqu’au meurtre prémédité. Elle évoque pour autant son enfance, pendant laquelle elle s’est construite en imitant les autres femmes de sa famille dans leur travail domestique. Cependant, il lui est impossible de cumuler, comme le patriarcat l’impose, ce travail avec un emploi légal qui lui permettrait de survivre en raison de sa condition ; qui n’est pourtant rien de plus que celle d’une femme assignée à tort au genre masculin à sa naissance. La transition n’affectant évidement en rien les capacités des personnes trans, cette discrimination étatique est sans fondement, si ce n’est une idéologie réactionnaire déguisée en « culture ».
Idéologie d’ailleurs hypocrite, puisque Asya explique en être rendue à se prostituer contre sa volonté, un phénomène très répandu partout dans le monde en dernier recours pour les LGBTI, la misère dans laquelle les poussent l’État réactionnaire les amènent vers les réseaux de proxénétisme. L’État bourgeois opprimant autant les prostituées qu’il ferme les yeux sur le trafic sexuel, d’autant plus dans des pays semi‑coloniaux, comme l’Irak.

De ce fait, les rapports entretenus ne sont pas entièrement consentis, Asya (par exemple) étant forcée de survivre, il s’agit de viols. Si ce n’est pas le cas d’absolument tous·tes les prostitué·e·s, la majorité y est bien contrainte. Dans les pays semi‑coloniaux, encore plus que dans les pays impérialistes, le trafic sexuel touche durement les groupes sociaux les plus touchés par le patriarcat et le capitalisme.

Asya témoigne depuis un contexte géopolitique particulier que nous ne pouvons pas ignoré étant donné l’actualité de la question kurde. En effet, à l’oppression qu’elle subit du fait d’être une femme trans s’ajoute le fait qu’Asya appartient au peuple Kurde. Les kurdes sont oppressés dans les différents pays ou ils sont une minorité nationale : Iraq, Syrie, et tout particulièrement la Turquie. Non seulement les Kurdes subissent des violences terribles du fait de leurs statut de minorité opprimée mais en plus ceux qui sont sensé représenter les Kurdes finissent souvent par vendre leurs propres peuples aux États impérialistes et aux mêmes États réactionnaires qui les opprimaient la veille. Comme le fait encore actuellement le gouvernement des provinces autonomes kurdes en Iraq. Ce même gouvernement « kurde » réactionnaire qui a forcé Asya a quitté son pays et sa famille.

P.S.: Merci à @kurdish.lgbti pour nous avoir traduit cet interview en anglais