Homophobie et hypocrisie

Récemment un nouveau « scandale » à propos d’homophobie a éclaté à Noisiel. Peu de monde s’est soucié de comment on se sent quand on est gay habituellement, et qu’on vient des quartiers populaires. Par contre tout le monde s’est senti concerné par le fait que ça touchait des personnes racisées. Encore une fois le fantasme colonial a ressurgit, dans beaucoup d’esprits la banlieue c’est le zoo humain d’une exposition universelle, où la bonne société se rassure en s’estimant meilleure. Encore une fois l’hypocrisie des réactionnaires s’est manifestée et s’est répendue comme une coulée de boue.

Etre gay dans cette société c’est être face à une contradiction: être un homme qui ne reproduit pas le schéma encouragé et attendu de relation avec une femme. Ce schéma est tellement inculqué comme une évidence, comme une norme incontournable, que le simple fait de ne pas y correspondre suscite un malaise.

Ce malaise, c’est précisément ce qu’est l’homophobie. Ce n’est pas une injure ou une haine évidente et consciente, la plupart du temps ça passe par des blagues, des remarques déplacées, ou des préjugés dévalorisants. Ce malaise il est double, il affecte les gays, et leur entourage. Pour vivre de manière épanouie, les gays doivent renverser le premier obstacle de l’hétérosexualité comme norme, ce n’est pas simple, beaucoup se débattent en essayant de calquer les normes hétéros tout en affrontant l’adversité de leur entourage. C’est difficile à vivre et beaucoup préfèrent vivre en secret. Beaucoup ne survivent pas à cette situation, les notres se suicident car leur entourage les a dégouté de vivre à cause de leur homophobie. Beaucoup d’entre nous luttent juste pour garder la tête au dessus de l’eau.

Cette vie en secret, nous les gays nous la connaissons bien. Les hommes mariés qui ont une femme et des enfants, ceux qui racontent qu’ils cherchent juste « un plan » parce qu’ils estiment qu’il est impossible d’avoir une relation amoureuse avec un autre homme, la misère des parcs la nuit, ceux qui surjouent en terme de virilité et d’assurance pour brouiller les pistes, les clients « hétéros » qui ne trompent personne, souvent des hommes mariés aussi. Nous les gays nous voyons l’envers du décor, nous vivons l’hypocrisie qui tourne autour de l’hétérosexualité comme norme dans notre quotidien. Combien d’entre nous ont raconté l’anedote de telle personne qui prône l’homophobie devant tout le monde et leur fait des avances déplacées quand il n’y a plus personne?

Nous voyons tous ces hommes intérieurement brisés par le besoin de montrer qu’on est un « vrai homme » un « vrai hétéro », le besoin de prouver leur virilité, leur endurcissement. On le voit à travers les insultes contre nous, pour beaucoup être gay ce n’est pas vraiment être un homme légitime, un homme légitime il « se tape des meufs », un « vrai gars » il se fait pas pénétrer, il pénétre. D’autres jouent la féminité pour prendre le contrepied de l’injonction à la virilité. L’homophobie est à la jonction du sexisme, cette jonction c’est le patriarcat, c’est cette idéologie qui enferme les femmes et les hommes dans des rôles, valorisant pour les hommes et dégradant pour les femmes, qui vont à l’encontre de leurs inspirations profondes et qui les bride, qui les rend à cran, en lutte intérieure, en lutte contre les autres, qui détruit leur vie sentimentale et sexuelle en y imposant des comportements inspirés de ce qu’il y a de plus mortifère dans le patriarcat, dans son marché des corps et dans sa sexualisation, dans sa culture du porno et sa culture du viol.

Quand il y a un lynchage, une manifestation d’homophobie, c’est tous les jours que ça se passe. C’est pas en banlieue, à Noisiel, que la société découvre l’homosexualité et l’homophobie, à part quelques hypocrites et des racistes. Ce n’est pas dans les périphéries, les quartiers populaires, les banlieues, la ruralité, que l’homophobie est cantonnée. L’homophobie elle est dans tous les milieux, dans toutes les classes de la société, et elle est tout aussi intégrée chez les LGBTI que dans le reste de la population.

La lutte contre l’homophobie ce n’est pas une lutte contre des catégories fantasmées de personnes, c’est une lutte contre l’oppression qui s’exerce aussi bien sur les personnes trans, et sur les femmes. La lutte contre l’homophobie, c’est un aspect de la lutte contre le patriarcat.

Nous affirmons toute notre solidarité et tout notre soutient à toutes les personnes opprimées pour leur orientation sexuelle ou leur genre.

Nous affirmons toute notre solidarité et tout notre soutient aux personnes qui se font humilier parce qu’elles ont été filmées à leur insu et que leur intimité est violée.

Nous affirmons toute notre solidarité et tout notre soutient à celles et ceux qui luttent contre les chiens faméliques qui s’en prennent à nous.

Dans nos rang il y a une place pour toi dans notre longue lutte contre l’oppression.